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Par DaNa Photographie. le 30 Mai 2023 à 22:21
En faisant une balade en vélo sur la voie verte, je suis tombé émerveillé sur ce bâtiment. Parfaitement observable depuis l’écluse de Vouziers, cet imposant bâtiment de brique, est un fleuron du patrimoine industriel du Vouzinois.
L’écluse est à l’extrémité de la branche Semuy-Vouziers du canal des Ardennes. Elle est ouverte à la navigation en 1836. Cette voie d’eau suscite l’implantation d’un port privé et d’un autre communal sur les deux rives de l’Aisne canalisée, au débouché de l’écluse.
Le transport des marchandises pondéreuses (sable, charbon, briques, métaux, céréales…) se fait par péniches. En 1847, 530 pénibles fréquentent les ports, elles seront 1176 en 1869, seulement 94 en 1986 et plus aucune aujourd’hui !
Le port privé est sur la même rive de l'Aisne canalisée que le moulin St Paul
Même les bateaux de plaisance ne peuvent plus naviguer jusqu’à Vouziers à cause de l’abandon de la voie d’eau depuis Semuy. La construction en 1840, par l’État, d’un barrage (toujours visible et en fonction) sur l’Aisne, au lieu-dit « La Plume » pour la prise d’eau du canal proche permet d’établir un moulin à cet endroit. L’emplacement de la roue motrice aux dimensions cyclopéennes : 13 m de diamètre, des auges larges de 5m est bien visible sur le côté du moulin.
Le barrage sur l'Aisne, le bâtiment de la roue bien identifiable par sa forme et l'extension datée de 1905.
Le moulin St Paul avant son extension de 1905
Constant Joseph Payer est à l’initiative de la construction avec Ernest Hardy-Lebègue comme promoteur et exploitant principal (Lettres H et L en relief sur la façade). En 1855, le moulin à blé, implanté tout à côté du port privé, compte 5 paires de meules. Constant Joseph Payer destinait le moulin à son fils unique Paul né en 1849 d’où le patronage de Saint Paul pour le moulin et la statue en façade du saint homme tenant un glaive rappelant son martyr.
En 1871, Paul Payer est tué à la bataille de Saint-Quentin. Son père désespéré abandonne complètement ses affaires qui périclitent. Vers 1880, Ernest Hardy-Lebègue rachète le moulin et en devient l’exploitant.
Il développe l’activité du moulin en le modernisant. En 1884, des cylindres remplacent les meules initiales et écrasent journellement 600 quintaux de blé. En 1905, à la suite de nouvelles modernisations et d’une extension, le moulin peut écraser jusqu’à 1200 quintaux de blé par jour. En 1929, il est vendu à la société des produits chimiques de Vouziers qui renonce à sa vocation de moulin à farine. Après la seconde guerre mondiale, la minoterie perd sa fonction de fabrication pour devenir simple magasin de la Société des agriculteurs syndiqués des Ardennes fondée en 1920 puis silo de la coopérative agricole ardennaise qui deviendra coopérative Champagne-Céréales et aujourd’hui Vivescia qui en est le propriétaire.
Les bâtiments se dégradent. Détails de la façade.
Ce bâtiment, témoins de l’économie rurale de la fin du XIXe et du début du XXe siècles est en péril. Il se dégrade.
Son accès est difficile du fait de l’implantation, tout à côté, du nouveau moulin Saint-Paul construit dans les années 50.
Lui trouver une nouvelle affectation ne sera pas simple !
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